Fabienne Grebert

Fabienne Grebert

Politique Régionale en matière d’Energie : on continue avec les énergies carbonnées!

 

 

La semaine dernière à la Région, l’exécutif régional avait dédié une commission spéciale environnement  au thème de l’énergie. Nous ne pouvons que louer l’initiative du Vice Président à l’Environnement Eric Fournier qui rompt avec les habitudes de Laurent Wauquiez plus habitué à bâcler le dialogue démocratique au sein de l’institution.

Mais les ambitions régionales sont encore difficiles à clarifier et rien ne semble remettre en question une politique économique basée sur la croissance,  qui fait la part belle aux énergies fossiles.

 

 

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Un état des lieux qui reflète un engagement très mitigé en matière de politique énergétique 

Le scénario Negawatt a fait son œuvre. C’est autour des trois piliers de la démarche de l’Association créée en 2001 que la Région décrit sa politique énergétique. Face à un accroissement de la demande liée à l’évolution positive de la population et à la croissance économique, pas d’autres choix que de réduire nos consommations, améliorer l’efficacité de nos équipements et produire des énergies renouvelables. S’appuyant notamment sur des outils mis en place lors de la dernière mandature comme la SPL OSER, dédiée à la réalisation de projets de rénovations énergétiques, la Région accompagne ce type de projets aussi bien pour le patrimoine public que pour les acteurs privés avec le développement de plateformes de rénovation énergétique et le soutien des territoires TEPOS qui couvrent 43% de la population auralpine. Si ces territoires ambitionnent un 100% des énergies renouvelables en 2050, la Région s’abstiendra pour ce type d’ambition . Dans le SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires) qui doit être approuvé d’ici 2019, on doit a minima  rappeler les ambitions affichées dans les précédents Schémas Régionaux Climat Air Energie en matière de productions d’énergies renouvelables : - 23% d’énergies renouvelables en 2020 en Rhône-Alpes et 30% en Auvergne. La réalité s’annonce bien en deçà des ambitions.

 

Si Laurent Wauquiez utilise l’hydrogène comme un levier d’innovation, porteur de création de valeur économique, la commission environnement n’en a pas fait mention dans cette commission. Les leviers d’action pour décarbonner nos économies sont ailleurs. 33% des émissions de gaz à effet sont liées au transport routier. Les projets autoroutiers, le financement au développement des infrastructures routières  en Région ne vont pas arranger ce bilan. Autre absent des politiques régionales en matière d’énergie : l’agriculture qui représente tout de même 18% des GES (gaz à effet de serre). La politique  de la Région qui vise à développer un modèle d’agriculture exportatrice au service de l’industrie agro-alimentaire entretient pourtant un modèle discutable, très loin du scénario Afterres qui rééquilibre à la fois notre modèle alimentaire, limite les intrants issus de la chimie et généralise un modèle agricole respectueux des écosystèmes.  On nous avait promis de la transversalité dans les politiques régionales en matière d’environnement, on attendra encore.

 

Les perspectives à horizon 2030

Le développement de la production d’énergie renouvelable semble essentiellement liée à la biomasse ; tout d’abord au développement de la méthanisation avec une ambition de 75 nouveaux méthaniseurs chaque année d’ici 2030.  Mais comment atteindre cet objectif ? En théorie, on utilise les matières organiques liées aux déchets agricoles, aux industries, aux déchets ménagers et aux boues urbaines liées aux stations d’épuration. Mais les équipements coûtent cher et les agriculteurs peinent à s’endetter pour des équipements qui nécessitent des compétences en matière d'énergie, complémentaires aux leurs.  Là encore l’ADEME recommande de procéder à l’étude des gisements organiques du territoire et insiste sur la nécessaire prévention des déchets. N’aurait-on pas meilleur compte de pousser à la collecte sélective de déchets en vue de compostage, propice à la restauration des sols ? Quel sera l’avenir des méthaniseurs si notre modèle alimentaire continue à s’orienter sur un régime alimentaire moins carné ? Les agriculteurs ne risquent-ils pas de faire les frais d’investissement dont la rentabilité à long terme est incertaine.

Quant à production directe à partir de combustion de bois-énergie, nous verrons lors de la prochaine Assemblée plénière si le Schéma Régionale est en phase avec les ambitions nationales et si il n’y aurait pas mieux à faire que de considérer le bois comme la première ressource pour la production d’énergie.

Pas un mot sur le développement de l’éolien, pas un mot non plus sur le développement du photovoltaique dont la production ne dépasse guère 2% du mix énergétique en Région.

En Auvergne Rhône-Alpes, on n’a pas encore décidé de faire le deuil des énergies fossiles ; si les accords de Paris prévoient d’en laisser 80% dans le sol à horizon 2050 ; la Région Auvergne Rhône-Alpes ne semble pas avoir ratifié un tel engagement.  A quoi bon continuer à faire l'Autruche, alors que les catastrophes climatiques semblent toucher de plus en plus de monde, y compris en France, alors que nos approvisionnements en matières fossiles dépendent des plus grands dictateurs de la planète et que le coût de l'énergie affaiblit le pouvoir d'achats d'un nombre croissant de nos concitoyens? Nous espérons que des réponses nous seront données lors de la prochaine Assemblée Régionale le 29 mars .... On peut toujours rêver. 

 

 

Pour en savoir plus sur les politiques citées dans cet articles 

Pour Afterres: http://afterres2050.solagro.org/a-propos/le-projet-afterres-2050/

Pour Negawatt : https://negawatt.org/

Pour Tepos : http://www.territoires-energie-positive.fr/



06/03/2018
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