Fabienne Grebert

Fabienne Grebert

Mon regard de nouvelle élue sur les affaires de la Région

Je n’avais pas donné de nouvelles de mon mandat depuis le début de l’été. Les vacances ne m’ont pas fait oublier la Région ; J’ai préparé avec notre équipe du Rassemblement et des partenaires extérieurs mon premier recours au tribunal administratif. Il s’agit d’annuler la délibération de l’Assemblée Régionale du 7 juillet dernier au cours de laquelle Laurent Wauquiez a balayé d’un revers de main la création du Parc Naturel Régional des gorges et sources du Haut-Allier . C’est lourd et fastidieux, mais ce n’est rien au regard de la tâche qui nous reste à accomplir : dénoncer l’absence d’organisation du nouvel exécutif, contrer le sectarisme et le clientélisme de Wauquiez, limiter le gaspillage d’argent public auquel nous prépare l’exécutif.

 

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300 emplois déjà supprimés

J’ai repris le train jeudi matin à 6H50 pour Lyon ; je participais à la commission environnement et c’était pour moi le moment de découvrir les 1439 pages de rapports qui devaient être débattus au cours de ces deux jours de commission. Alors bien évidemment, on ne lit pas en détail ; on survole… Telle est l’intention de l’exécutif qui souhaite éviter le débat et qui pour ce faire poste ces rapports l’avant-veille des commissions à 22H40. Ne croyez pas que seuls les élus d’opposition soient victimes de cette communication tardive. Il en est de même pour les élus de la majorité, y compris pour les présidents de commission qui, pour certains, découvrent les rapports en même temps que les autres. Certains services nous ont pourtant assuré de la disponibilité de ces rapports dès juillet.

Les associations font aussi les frais de ce retard volontaire.  Un certain nombre d’entre elles (certaines signataires de conventions pluriannuelles d’objectifs avec la Région) n’ont toujours pas vu le moindre euro viré sur leur compte, malgré le dépôt de demandes de subventions dès la fin d’année dernière. D’autres demandes restent en suspens sans raison.

Alors elles font patienter leur banque, attendent le plus longtemps possible avant les licenciements, le dépôt de bilan et se taisent pour éviter de froisser l’égo du Président de Région. D’autres ont en déjà fait les frais. Le Centre d’Information des Droits des Familles et des Femmes de l’Isère a été mis en liquidation régionale le 8 septembre dernier. Sur l’ensemble de la Région Auvergne Rhône-Alpes, ce sont près de 300 emplois qui ont d’ores et déjà été supprimés.

Lors de la prochaine Assemblée Plénière, M. Wauquiez se posera pourtant en chantre de l’éthique, et nous présentera la charte éthique de l’élu, « pour renouer avec le sens de l’exemplarité ». Il y a beaucoup à dire sur l’exemplarité de M. Wauquiez, notamment vis à vis des élus. Certains vice-présidents n’ont même pas de latitude pour faire passer leurs propres délibérations en Assemblée. Elles peuvent être retirées au dernier moment. Certains désertent peu à peu les commissions thématiques, dans lesquelles ils sont sensés répondre de leur politique. En fait ils n’en ont pas, car c’est Laurent Wauquiez qui décide. Alors, invariablement, aux questions posées sur les prises de position de la Région, sur les orientations politiques à plus long terme, on nous assène la même réponse : « Nous prenons en compte votre demande et nous vous répondrons ».

 

 

Le règne de l’arbitraire et du clientélisme

Entretenir le doute et l’incertitude, c’est le meilleur  moyen de contenir toute opposition. Là où les anciens CDDRA (Contrat de développement durable Rhône-Alpes), permettaient d’avoir une vision claire des critères d’attribution des subventions aux collectivités locales et aux EPCI (établissements publics de coopération intercommunale), les nouveaux contrats Ambition Région n’en ont plus. Comment savoir si ces financements ne seront pas arbitraires?

Dessinés à l’échelle de bassins de vie,  les anciens contrats incitaient les communes et les EPCI à travailler ensemble, à avoir une vision plus large du territoire, plus structuré, avec des complémentarités dans les investissements et d’éviter de financer deux piscines à quelques kilomètres d’intervalle. Sous le règne de Wauquiez,  l’adage est désormais : diviser pour mieux régner. On accordera des subventions aux communes rurales qui en font la demande ; peu importe qu’elles aient les moyens et les équipes en place pour gérer leurs projets. Permettez-moi de rire jaune quand je lis sur la Charte Ethique de l’élu « un engagement pour une gestion efficace et transparente des subventions ». On peut en douter à regarder de près la convention qui sera votée la semaine prochaine par la Région en faveur de la Fédération Régionale de la Chasse (FRC). On nous annonce une convention avec un plafond de subventions de 2,9 millions, mais dans le détail, le programme d’actions se chiffre à plus de 3, 2 M€, avec des actions dont le montant n’est même pas encore connu. On nous présente cela comme un juste rééquilibrage envers les vrais acteurs de la ruralité au détriment des bobos écolos. C’est faire fi des 96 M€ dont est déjà doté l’Office National de la Chasse, qui assure déjà bon nombre des actions prévues dans la convention votée la semaine prochaine. Comment Philippe Meunier, le vice-président à la chasse, peut-il justifier d’une telle décision alors même qu’une convention signée par la mandature précédente associait la FRC, la FRAPNA et la Ligue pour la Protection des Oiseaux sur un programme d’actions dans le cadre du Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE)?

 

Laurent Wauquiez : le choix de la politique spectacle

Mais au fond, que retiendrons les électeurs de mes propos au regard des envolées lyriques de Laurent Wauquiez ?

- W au secours des français envahis par les réfugiés ; ce qui n’empêchera pas les populations bombardées par Daech ou Hafez El Assad de frapper à nos portes

- W fait sa rentrée dans les lycées sécurisés avec des portiques; ce qui n’a pas empêchée une lycéenne d’être poignardée par un déséquilibré cette semaine à Villefranche S/Saône

-  W donne une bouffée d’oxygène au PNR du Vercors après avoir tenté de l’asphyxier pour obliger sa Présidente à démissionner

- W vend des bagnoles et rend l’argent au contribuable, même si les sommes ne représentent rien au regard des 145 M€ donnés à Vinci pour construire une troisième autoroute entre Lyon et St-Etienne.

 

Ne perdons pas de vue l’essentiel. Nous avons affaire à un Président de Région qui sert en priorité sa posture médiatique et son destin présidentiel, avant l’intérêt de ses concitoyens.



17/09/2016
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